Edited by Dalila Calisolo —
Du 13 octobre 2015 au 31 janvier 2016 à la Philharmonie de Paris –
Que de violons dans les toiles de Chagall ! L’instrument fait partie de son histoire familiale: il nait en juillet 1887 dans une famille juive hassidique de Vitebsk au Bélarus, son frère joue de la mandoline et son oncle du violon. Dans la tradition hassidique – un courant prônant le renouveau du judaïsme – musique, danse et transe sont des voies d’accès au divin. Certaines figures de sa jeunesse vont s’ériger en archétypes et peupler ses toiles, ainsi le festif orchestre klezmer (tradition musicale des juifs ashkénazes), l’oiseau, symbole d’inspiration, ou le violoniste, qui figure le juif errant.
© Jacques Demarthon / AFP
Dispositif exceptionnel pour apprécier le plafond de l’Opéra Garnier
L’exposition à la Philharmonie débute par une salle entière dédiée au plafond de l’Opéra Garnier commandé en 1963 par le ministre de la Culture André Malraux, et remonte ensuite le temps vers les années de jeunesse à Vitebsk.
Une chronologie inversée qui peut dérouter, mais qui s’explique par la hauteur de plafond nécessaire pour projeter un film exceptionnel: grâce à un drone, les moindres détails du plafond de l’Opéra inauguré en 1964 ont été numérisés en haute définition par Google. Montées en travelling, les images zooment sur la toile peinte en hommage au panthéon musical personnel de l’artiste, soit 14 compositeurs, et l’accompagnent de la musique correspondante: Carmen pour Bizet, La Flûte enchantée pour Mozart etc.
En parallèle, les nombreuses esquisses inédites de ce projet restituent pas à pas la genèse de la création et les différentes étapes de son processus créatif.
Les décors et costumes pour l’opéra
Marc Chagall a fabriqué de nombreux décors et costumes pour l’opéra. Parmi les 270 oeuvres exposées (peintures, dessins, sculptures, céramiques et costumes), plusieurs dizaines sont des costumes somptueux prêtés par le Metropolitan Opera de New York pour “L’Oiseau de feu” et “La Flûte enchantée”, mais aussi par l’Opéra de Paris pour “Daphnis et Chloé”.
© Jacques Demarthon / AFP
L’immense panneau “Le Triomphe de la Musique”
Dans les années 60, Chagall se consacre à la réalisation de grands projets décoratifs. Dans un geste de réconciliation, lui, le juif qui avait dû quitter la France occupée pour New York, réalise un grand panneau pour le foyer du Théâtre de Francfort, “Commedia dell’arte”. A New York, il réalise deux immenses panneaux en 1966 pour le Lincoln Center, “Le Triomphe de la musique” et “Les sources”, qui donnent leur nom aux deux expositions organisées en parallèle cet automne, à la Philharmonie et à la Piscine de Roubaix (24 octobre au 31 janvier).
“La Boîte à Chagall”, hymne à la danse et à la musique
L’exposition se clôt sur les panneaux décoratifs réalisés par Chagall en 1920 pour le Théâtre d’Art juif de Moscou, à l’époque un instrument d’affirmation de la culture yiddish en Russie. Les décors, surnommés “la boîte à Chagall “, sont un hymne coloré à la danse, la musique et la culture yiddish. Ils ont échappé miraculeusement à la terreur stalinienne, entrant en 1949 sous un titre erroné dans les collections de la Galerie nationale Tretiakov de Moscou.
Commissariat scientifique : Ambre Gauthier
Directeur musical : Mikhaïl Rudy
Marc Chagall : le Triomphe de la Musique
Du 13 octobre 2015 au 31 janvier 2016
Philharmonie de Paris
Parc de La Villette
SOURCE AND PHOTOS PHILHARMONIE DE PARIS, CULTUREBOX, © Jacques Demarthon / AFP